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garniture de dentelle et leurs modestes rubans avec ses boucles brunes, semblaient des prodiges de bon goût.

Avec les étrangers elle était timide comme une jeune fille de quinze ans ; elle devenait pourpre si quelqu’un en appelait à son opinion ; cependant elle était si imposante dans sa douceur, que les hommes ne lui parlaient qu’avec une déférence respectueuse.

Puissance inexprimable de la distinction féminine, charme inné qui l’emporte sur tout ce qui s’acquiert : elle n’avait nul besoin, pour plaire, des ressources de la musique ou de la peinture. On eût regretté de la voir descendre de la sereine dignité d’être à l’agitation continuelle de faire.

Heureux l’homme, eussiez-vous dit, dont les yeux peuvent s’arrêter sur elle pendant le repos d’une lecture faite au coin du feu, dont la douleur de tête fiévreuse peut être calmée par le contact de cette douce main fraîche ; heureux enfin celui que la clarté aimante de ces yeux sans reproche réconfortera aux heures d’abattement et de découragement.

Peut-être n’eussiez-vous point prévu que ce bonheur pût être le partage d’un homme tel qu’Amos Barton, qui ne vous semble pas doué suffisamment pour apprécier les qualités aimables de Mme Barton. Mais, pour moi, je ne regrette point qu’il possède cette charmante femme. Toute ma vie j’ai eu de la sympathie pour certains chiens métis et disgracieux qui ne sont les favoris de personne, et je serais plus disposé à leur accorder une caresse ou un bon morceau qu’à répondre aux avances que daignerait me faire le plus joli terrier de Skye couché sur un coussin près du fauteuil de milady. Ce n’est certainement pas ce qui