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toires, pas plus que des remarques que firent à son sujet les miss Farquhar, aussitôt que les portes du salon se furent fermées sur lui. Miss Julia affirmait n’avoir jamais entendu quelqu’un respirer d’une manière aussi bruyante que M. Barton, et miss Arabella s’étonnait de ce qu’il disait toujours qu’il allait pour faire ceci ou cela. Lui, cependant, l’excellent homme ! il méditait sa tâche pastorale du lendemain ; il constituait sa bibliothèque circulante, où il avait introduit quelques livres capables, à ce qu’il pensait, de porter un rude coup aux dissidents, un entre autres, écrit par un ouvrier qui, par zèle pour ceux de sa classe, prenait la peine de les mettre en garde contre ces hypocrites, les prédicateurs dissidents. Le Rév. Amos Barton croyait sincèrement à l’existence de cet ouvrier et avait quelque velléité de lui écrire. La dissidence, pensait-il, aurait la tête écrasée à Shepperton, car ne l’attaquait-il pas de deux manières ? Il prêchait les dogmes de la Basse Église, dogmes aussi évangéliques qu’on pouvait le désirer dans la chapelle indépendante ; et il soutenait les pouvoirs et les fonctions hiérarchiques de la Haute Église. Évidemment les dissidents trouveraient que le pasteur Barton était trop fort pour eux, rien n’égalant la force d’un homme réunissant la sagacité à l’énergie. Pour lui, il trouvait que sa finesse égalait celle du serpent.

Regardez-le traverser le petit cimetière. La lumière argentée qui éclaire obliquement l’église et les tombes nous permet de voir, pendant qu’il passe entre les pierres sépulcrales, sa longue silhouette noire, rendue encore plus mince par l’étroitesse de son pantalon. Il marche d’un pas rapide et frappe