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neuf, se préparait à adresser quelques paroles d’heureux présage aux nouveaux époux. Il avait fait tout le chemin depuis le manoir de Cheverel, afin de voir encore une fois miss Tina heureuse, et aurait joui d’un bonheur sans mélange, sans l’infériorité des bouquets de noce comparés à ceux qu’aurait pu fournir le jardin du manoir.

« Que le Dieu Tout-Puissant vous bénisse tous les deux, et vous donne longue vie et bonheur, furent les paroles que le bon jardinier prononça d’une voix un peu tremblante.

— Je vous remercie, oncle Bates ; souvenez-vous de Tina », dit une douce voix qui frappa pour la dernière fois l’oreille de M. Bates.

Le voyage de noce devait les amener par un détour à Shepperton, où M. Gilfil était vicaire depuis plusieurs mois. Cette petite cure lui avait été procurée par l’entremise d’un ancien ami qui avait quelques droits à la reconnaissance de la famille Oldinport, et ce fut une satisfaction, soit pour Maynard, soit pour sir Christopher, de trouver à distance du manoir de Cheverel un chez soi où M. Gilfil pût conduire Caterina ; car on ne trouvait pas encore bon qu’elle revît les lieux où elle avait souffert, sa santé continuant à être trop délicate pour oser courir le moindre risque d’agitation pénible. Dans un an ou deux, lorsque le vieux M. Crichley, le recteur de Cumbermoor, aurait quitté un monde où il souffrait de la goutte, et que Caterina serait probablement une heureuse mère, Maynard pourrait se fixer à Cumbermoor, et Tina n’éprouverait que du contentement à revoir un nouveau « petit singe aux yeux noirs » courir le long de la galerie et des allées du manoir. Une mère ne redoute