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quefois elle commençait quelque petit ouvrage de femme ; mais elle semblait trop languissante pour le continuer ; ses doigts l’abandonnaient bientôt, et elle retombait dans une immobilité rêveuse.

Enfin, un de ces brillants jours de la fin de février, où les rayons du soleil annoncent l’approche du printemps, Maynard s’était promené avec elle et Oswald autour du jardin, pour regarder les perce neige, et elle se reposait sur le sofa après la promenade. Ozzy, en errant autour de la chambre, à la recherche de quelque plaisir défendu, vint près du clavecin et frappa du manche de son fouet une des touches graves du clavier.

Cette vibration parcourut Caterina comme un choc électrique ; il sembla qu’une âme nouvelle entrait en elle et la remplissait d’une vie plus profonde et plus significative. Elle regarda autour d’elle, se leva et se dirigea vers l’instrument. En un moment ses doigts erraient avec leur ancienne méthode sur les touches, et son âme flottait dans son véritable élément de délicieuse sonorité, comme la plante aquatique qui, restée maigre et chétive sur le sol, se dilate en liberté et en beauté quand elle est de nouveau baignée dans son élément.

Maynard remercia Dieu. Un pouvoir actif était révélé et devait consacrer une nouvelle époque dans la guérison de Caterina.

Bientôt des notes pures se mêlèrent avec les sons plus durs de l’instrument, et peu à peu la voix de la malade prit plus de puissance.

Le petit Ozzy était debout au milieu de la chambre, la bouche ouverte et les jambes écartées, frappé comme d’une crainte respectueuse devant cette nou-