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pelât le manoir de Cheverel, M. Gilfil espérait que Caterina pourrait peu à peu secouer la vision du passé et se remettre de sa langueur et de sa faiblesse. Il pensa ensuite à faire échange de fonctions avec le vicaire de M. Heron, afin d’être constamment près de Caterina et de surveiller ses progrès. Elle paraissait aimer qu’il fût près d’elle, et attendait son retour avec une certaine impatience ; quoiqu’elle lui parlât rarement, elle était plus satisfaite quand il était assis près d’elle et qu’il serrait sa petite main d’une étreinte puissamment protectrice. Oswald, ou familièrement Ozzy, l’enfant à large poitrine, fut aussi un compagnon sans prix. Avec quelque chose des traits de son oncle, il en avait aussi hérité un goût prématuré pour une ménagerie domestique, et était très impérieux dans les demandes qu’il adressait à Tina pour qu’elle prît de l’intérêt à ses cochons d’Inde, à ses écureuils et à ses loirs. Elle semblait quelquefois avec lui voir quelques rayons de son enfance perçant les nuages de plomb, et bien des heures d’hiver s’écoulèrent plus facilement pour elle dans la chambre d’Ozzy.

Mme Heron n’était pas musicienne et n’avait pas d’instrument ; mais M. Gilfil eut soin de faire apporter un clavecin, que l’on plaça, toujours ouvert, dans le salon, espérant que, quelque jour, le sentiment de la musique se réveillerait chez Caterina et qu’elle serait attirée vers l’instrument. Mais l’hiver était presque passé, et M. Gilfil avait attendu en vain. Le plus grand progrès dans l’état de Tina n’était pas allé au delà de la passivité et de l’acquiescement, un sourire reconnaissant, une complaisance pour les caprices d’Oswald et une compréhension plus étendue de ce qui se faisait ou se disait autour d’elle. Quel-