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CHAPITRE XX

Une semaine plus tard, Caterina fut invitée à se mettre en route, dans une voiture confortable, sous les soins de M. Gilfil et de sa sœur, Mme Heron, dont les doux yeux bleus et les manières affables consolaient la pauvre enfant meurtrie, d’autant plus que Tina avait pour cette dame des sentiments d’égalité fraternelle qu’elle n’avait point encore connus. Sous la bienveillance de la supériorité peu caressante de lady Cheverel, elle avait toujours conservé une certaine contrainte et une admiration respectueuse, et elle trouvait une douceur, jusque-là inconnue, auprès d’une jeune et aimable femme, semblable à une sœur aînée, se penchant sur elle d’un air caressant et lui parlant avec un doux accent d’amitié. Maynard était presque mécontent de se sentir heureux, tandis que l’esprit et le corps de Tina étaient encore si affaiblis ; mais le nouveau bonheur d’agir comme son ange gardien, d’être auprès d’elle à chaque heure du jour, de tout préparer pour son bien-être, de chercher à découvrir un rayon dans ses yeux, était trop envahissant pour laisser grande place à la crainte ou au regret.