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tenaient à une fillette de douze ans éprouvée par une vive douleur.

Quand M. Gilfil s’avança et s’arrêta en face d’elle, la lumière tomba largement sur son visage. Une légère expression de surprise parut dans les yeux de Caterina ; elle le regarda avec attention pendant quelques instants, puis leva sa main, comme pour lui faire signe de se baisser vers elle, et murmura : « Maynard ».

Il s’assit sur le lit et se pencha vers elle : « Maynard, murmura-t-elle de nouveau, avez-vous vu le poignard ? »

Il suivit, pour lui répondre, sa première impulsion, qui se trouva la bonne :

« Oui, fit-il, je l’ai trouvé dans votre robe et je l’ai remis dans l’armoire. »

Il prit sa main dans les siennes et la pressa doucement, en attendant ce qu’elle dirait ensuite. Son cœur était si gonflé d’actions de grâces de ce qu’elle l’avait reconnu, qu’il put à peine contenir un sanglot. Bientôt les yeux de Caterina devinrent plus doux et leur regard moins fixe. Les larmes s’y amassaient lentement, et quelques grosses perles brûlantes roulèrent sur ses joues. Les écluses étaient ouvertes, le cœur se soulageait par un torrent de larmes ; puis vinrent de violents sanglots ; et pendant près d’une heure elle resta sans parler, tandis que le lourd poids glacé qui empêchait sa douleur de s’exhaler se fondait ainsi peu à peu. Que ces pleurs étaient précieux pour Maynard, qui, pendant tant de jours, avait frissonné à l’image constamment présente de Tina, avec le regard dur et sec de la folie !