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grand espoir, monsieur, que votre présence lui remettra l’esprit. »

Maynard avait aussi cette espérance, mais il sentait le brouillard de la crainte s’épaissir autour de lui, après le peu d’heures de chaude lumière et de joyeuse confiance qu’il avait passées depuis le moment où il avait d’abord appris que Caterina était vivante. Il se sentait envahi par la pensée que son intelligence et son corps ne pourraient peut-être pas se remettre de la secousse qu’ils avaient éprouvée, que le fil délicat de sa vie était peut-être au bout.

« Allez, Dorcas, allez voir comment elle est, mais ne lui dites point que je suis ici. Peut-être vaudrait-il mieux que j’attendisse demain pour la voir, et cependant ce serait bien dur de passer encore une nuit ainsi. »

Dorcas remit par terre la petite Bessie et sortit. Les trois autres enfants, y compris le jeune Daniel en blouse, se tenaient debout devant M. Gilfil et l’examinaient avec encore plus de timidité, maintenant que leur mère n’était plus là. Il attira à lui la petite Bessie et la prit sur ses genoux. Elle secoua ses boucles blondes de dessus ses yeux, qu’elle leva sur lui, en disant :

« Vous venez pour voir la dame ? Vous la ferez parler ? Que lui ferez-vous ? Vous l’embrasserez ?

— Aimez-vous qu’on vous embrasse, Bessie ?

— Non, dit Bessie en baissant immédiatement sa tête très bas, pour échapper au baiser.

— Nous avons deux petits chiens, dit le jeune Daniel, enhardi en voyant l’aménité du monsieur. Il y en a un qui a des taches blanches. Voulez-vous les voir ?