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de tendresse protectrice qui l’ont pénétré lorsqu’il reposait sur les genoux de sa mère.

Au crépuscule il entra dans le village de Callam, et, ayant demandé le chemin de la maison de Daniel Knott à un laboureur qui retournait chez lui, il apprit qu’elle était près de l’église, qui laissait voir son lourd clocher tapissé de lierre sur une légère élévation. Cette indication rendait plus facile le moyen de reconnaître la charmante habitation décrite par Daniel, « le plus joli endroit que vous ayez jamais vu ».

M. Gilfil n’eut pas plus tôt atteint la porte d’entrée de la cour du bétail, qu’il fut aperçu par un garçon de neuf ans aux cheveux de lin, prématurément revêtu de la « toge virile », soit blouse, qui courut à sa rencontre pour le faire entrer. En un instant Dorcas fut à sa porte, le rose de ses joues ne paraissant que plus vif, en raison de trois autres paires de joues qui se groupaient autour d’elle et du gras bébé aux yeux étonnés qu’elle portait sur le bras et qui suçait avec un calme plaisir une longue croûte de pain.

« Est-ce M. Gilfil, monsieur ? dit Dorcas en faisant une profonde révérence, tandis qu’il s’avançait à travers la paille humide, après avoir attaché son cheval.

— Oui, Dorcas ; j’ai trop grandi pour que vous me reconnaissiez. Comment est miss Sarti ?

— Tout à fait la même chose que Daniel vous l’a dit, monsieur ; car je suppose que vous venez du manoir, quoique vous soyez venu étonnamment vite.

— Oui, Daniel est arrivé au manoir à peu près à une heure, et j’en suis parti aussitôt que j’ai pu. Elle n’est pas plus mal, n’est-ce pas ?

— Point de changement, monsieur, ni mieux, ni