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d’un sillon. J’ai eu un rude temps à passer avec lui, je vous le dis, monsieur !

— Dieu vous bénisse d’être venu, Knott ! dit M. Gilfil en serrant de nouveau la main du vieux cocher. À présent, descendez prendre quelque chose et vous reposer. Vous resterez ici cette nuit ; bientôt j’irai vous demander quel est le plus court chemin pour aller chez vous. Je vais me préparer à partir tout de suite à cheval, dès que j’aurai parlé à sir Christopher. »

Une heure plus tard, M. Gilfil galopait sur une vigoureuse jument vers le petit village boueux de Callam, cinq milles plus loin que Sloppeter. Il retrouva encore un peu de gaieté dans le soleil de l’après-midi, un peu de plaisir à voir fuir à ses côtés les arbres des haies, et à se sentir « bien en selle », tandis que sa noire Kitty bondissait sous lui et que l’air sifflait coupé par sa marche rapide. Caterina n’était pas morte ; il l’avait retrouvée ; il saurait par son amour et sa tendresse la rappeler à la vie et au bonheur. Après cette semaine de désespoir, la réaction était si violente que ses espérances se reportèrent au point le plus élevé qu’elles eussent jamais atteint. Caterina en viendrait à l’accepter ; elle serait à lui. Ils avaient passé par toute cette voie sombre et désespérée afin qu’elle pût connaître la puissance de son amour. Combien il le chérirait, son petit oiseau aux yeux brillants et au doux gosier que faisaient vibrer l’amour et la musique ! Il se réfugierait en lui, et la pauvre petite poitrine qui avait été si meurtrie serait à jamais en sûreté. Il y a toujours dans l’amour d’un homme brave et fidèle un fond de tendresse maternelle ; il reflète ces rayons