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— Pour l’amour de Dieu, dit Maynard, apprenez-moi ce qui concerne miss Sarti. Ne vous arrêtez pas à me dire rien d’autre maintenant.

— Oui, monsieur, dit Knott, presque effrayé de la véhémence du ministre ; elle est arrivée à la maison dans le char du voiturier, mercredi, vers neuf heures du soir ; Dorcas est accourue dehors, car elle avait entendu le char s’arrêter, et miss Sarti a jeté les bras autour du cou de Dorcas en lui disant « Recevez-moi, laissez-moi entrer ». Et elle est presque tombée évanouie. Alors Dorcas m’a appelé, je suis sorti bien vite et j’ai porté la jeune demoiselle dans la maison, et elle est revenue à elle bientôt après ; elle a ouvert les yeux, et Dorcas lui a fait boire une cuillerée de rhum et d’eau ; nous avons du fameux rhum, que nous avons rapporté des Clefs en croix, et Dorcas n’en veut laisser boire à personne. Elle dit qu’elle le garde pour les cas de maladie ; mais, quant à moi, je pense que c’est dommage de boire du bon rhum, quand votre bouche ne sent aucun goût : vous pouvez aussi bien alors prendre les drogues du docteur. Cependant Dorcas l’a mise au lit ; elle est restée couchée depuis, comme privée de sentiment, elle ne parle pas et ne prend qu’un peu de potage, quand Dorcas l’en prie. Nous commençons à avoir peur et nous ne pouvons nous imaginer ce qui lui a fait quitter le manoir. Dorcas craint qu’il ne soit arrivé quelque malheur. Aussi, ce matin, n’y pouvant plus tenir, elle m’a tourmenté jusqu’à ce que je sois venu pour voir ; et comme ça j’ai fait vingt milles sur Blackbird, qui croyait pendant tout ce temps labourer et qui se retournait raide tous les trente pas, comme s’il était au bout