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chose de Caterina ? » Puis il se rappela combien Caterina avait aimé Dorcas ; elle avait toujours quelque présent à lui faire lorsque Knott venait au manoir. Tina serait-elle allée chez Dorcas ? Mais son cœur défaillit de nouveau à la pensée que Knott venait parce qu’il avait appris la mort du capitaine Wybrow et qu’il désirait savoir comment son ancien maître avait supporté ce coup.

Dès que le cavalier atteignit la maison, Maynard monta à son cabinet d’étude et s’y promena avec agitation, désireux mais effrayé de descendre pour parler à Knott, dans la crainte que sa faible espérance ne fût dissipée. Quiconque eût regardé ce visage, ordinairement si plein d’une calme bienveillance, aurait vu que la souffrance de la semaine écoulée y avait laissé de profondes traces. Pendant le jour il avait constamment erré, à pied ou à cheval, soit pour chercher lui-même, soit pour diriger les recherches des autres. La nuit il n’avait pas connu le sommeil, sinon par des assoupissements intermittents, pendant lesquels il lui semblait trouver Caterina morte. Il se réveillait alors en sursaut et passait de cette angoisse factice à l’angoisse réelle, en pensant qu’il ne la reverrait jamais. Ses yeux gris clair paraissaient éteints et inquiets, ses lèvres, épaisses naguère, étaient singulièrement serrées, et son front, jusqu’à ce jour lisse et ouvert, était contracté par la douleur. Il n’avait pas seulement perdu l’objet d’une passion de quelques mois ; mais l’être qu’il avait enveloppé de tout son pouvoir d’aimer. Pendant des années Caterina avait été nécessaire à sa vie comme l’air et la lumière ; et, maintenant qu’elle était partie, il lui semblait que