Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans rien prendre avec elle ; il était impossible qu’elle pût être allée loin, et elle avait dû se trouver dans un état d’excitation mentale qui ne rendait le suicide que trop probable. Les mêmes endroits, à trois ou quatre milles à la ronde du manoir, furent visités et revisités ; chaque mare, chaque fossé du voisinage furent examinés.

Maynard pensait quelquefois qu’elle avait pu trouver la mort sans la chercher, par suite du froid et de l’épuisement ; et il ne se passa pas de jour sans qu’il parcourût les bois des environs, interrogeant les monceaux de feuilles sèches, comme s’il était possible que ce corps chéri pût y être caché ! Puis il lui vint une autre pensée terrible, et il parcourait de nouveau toutes les chambres inhabitées de la maison, pour s’assurer encore qu’elle n’était point cachée derrière quelque meuble, quelque porte ou quelque rideau, et qu’il ne courait point le risque de l’y trouver, la folie dans les yeux, le regardant fixement et ne le voyant point.

Mais, enfin, ces cinq longues nuits, ces cinq longues journées étaient passées, les funérailles venaient de s’accomplir, et les voitures rentraient en traversant le parc. Lorsqu’elles étaient parties, il pleuvait très fort ; maintenant, les nuages se dissipaient, et un rayon de soleil brillait à travers les branches mouillées. Ce rayon de soleil tomba sur un homme à cheval, qui avançait lentement, et que M. Gilfil reconnut pour Daniel Knott, le cocher qui, dix ans auparavant, avait épousé la fraîche Dorcas.

Chaque nouvel incident suggérait à M. Gilfil la même pensée ; et son regard ne tomba pas plus tôt sur Knott qu’il se dit : « Vient-il nous dire quelque