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moi ce soir. Je m’en tirerai très bien quand Martha aura allumé le feu. Dites à M. Gilfil que je suis mieux. Je me coucherai bientôt ; mais ne remontez pas : vous pourriez me réveiller.

— Bien, bien, soignez-vous ; soyez bonne fille et que Dieu vous envoie un bon sommeil. »

Caterina mangea l’arrow-root, pendant que Martha allumait le feu. Elle voulait prendre des forces pour son voyage ; elle garda les biscuits, pour les mettre dans sa poche. Son esprit était maintenant tendu sur son départ du manoir, et elle pensait à tous les moyens que son peu d’expérience pouvait lui suggérer.

Il fait nuit, maintenant ; il faut attendre l’aurore, car elle est trop timide pour partir dans l’obscurité ; mais elle s’échappera avant que personne soit levé dans la maison.

Elle prépara son manteau, son chapeau, son voile ; puis elle alluma une bougie, ouvrit sa commode et y prit le portrait brisé. Elle l’enveloppa de nouveau dans deux petits billets d’Anthony écrits au crayon, et les mit dans son sein. Il y avait aussi la petite boîte de porcelaine, le présent de Dorcas, les boucles d’oreilles en perles et une bourse en soie, contenant quinze pièces de sept shillings, présents de sir Christopher, à chacun de ses jours de naissance depuis qu’elle était au manoir. Devait-elle emporter les boucles d’oreilles et les pièces de sept shillings ? Elle ne pouvait supporter l’idée de s’en séparer ; il lui semblait qu’ils renfermaient un peu de l’amitié de sir Christopher : elle aimerait qu’ils fussent enterrés avec elle. Elle mit les pendants à ses oreilles et dans sa poche la bourse avec la boîte de Dorcas.