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topher, elle ne pourrait supporter la vue de toutes les choses qui lui rappellent Anthony et sa faute à elle. Peut-être mourra-t-elle bientôt ; elle se sent si faible ! Elle voudrait partir et passer humblement les jours qui lui restent à vivre, en priant Dieu de lui pardonner et de la rappeler bientôt auprès de lui.

La pauvre enfant ne pense pas au suicide. L’orage de la colère aussitôt passé, son caractère tendre et timide reprend le dessus, ne lui laissant que le pouvoir d’aimer et de s’affliger. Son inexpérience l’empêche de prévoir les conséquences qu’aurait sa fuite du manoir, les alarmes qu’elle causerait. « On pensera que je suis morte, se dit-elle, on m’oubliera, et Maynard en aimera une autre et sera heureux. »

Elle fut interrompue dans sa rêverie par un coup frappé à sa porte. Mme Bellamy venait, sur la demande de M. Gilfil, voir comment se trouvait miss Sarti, et lui apporter un peu de nourriture.

« Vous avez pauvre mine, ma chère, dit la vieille femme de charge, et vous tremblez de froid. Mettez-vous au lit, voyons ; Martha viendra allumer votre feu. Tenez, voici du bon arrow-root avec un peu de vin et des biscuits. Cela vous réchauffera. Il faut que je redescende bien vite. J’ai tant de choses à faire : miss Assher a des attaques de nerfs, sa femme de chambre est malade au lit, et on demande Mme Sharp à chaque minute. Je ferai monter Martha ; préparez-vous à vous mettre au lit ; voyons, soyez bonne fille et soignez-vous.

— Je vous remercie, chère petite mère, dit Tina en embrassant la joue ridée de la vieille femme ; je mangerai l’arrow-root ; ne vous inquiétez plus de