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pita dans la chambre, jeta les bras autour du cou de sir Christopher en s’écriant : « Anthony…, mort… : dans le bois des Corneilles ». Puis elle tomba évanouie sur le parquet.

En un instant sir Christopher fut hors de la chambre, et M. Gilfil prit Caterina dans ses bras. En la soulevant et en la portant sur le sofa, il sentit quelque chose de dur et de lourd dans sa robe. Quel était cet objet ? ne risquait-il pas de la blesser ! Il y porta la main et en tira le poignard.

Maynard frissonna. Voulait-elle donc se tuer, ou bien…, un horrible soupçon s’empara de lui. « Mort dans le bois des Corneilles. » Il eut horreur de ce soupçon et tira le poignard de sa gaine. Non ! il n’y avait aucune trace de sang ; Maynard serra cette arme, se promettant de la remettre aussitôt que possible à sa place. Mais pourquoi Caterina avait-elle pris ce poignard ? Qu’était-il arrivé au bois des Corneilles ? N’était-ce qu’une vision provoquée par le délire ?

Il eut peur de sonner, peur d’appeler quelqu’un. Que pourrait-elle dire en sortant de cet évanouissement ? Il ne pouvait la quitter, et pourtant il se sentait coupable de ne pas suivre sir Christopher. Il ne lui fallut qu’un instant pour penser et sentir tout ceci ; mais cet instant lui parut une longue agonie. Que faire pour ranimer Caterina ? Heureusement qu’une carafe pleine d’eau se trouvait sur la table de sir Christopher. Il essayerait d’en faire usage. Peut-être Caterina reviendrait-elle à elle sans qu’il eût besoin d’appeler personne.

Pendant ce temps sir Christopher se hâtait vers le bois des Corneilles ; son visage, tout à l’heure