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choses. Ces soins étaient si désagréables à Caterina, elle se sentait si mal à l’aise de ces attentions et de cette bonté fondées sur une méprise, qu’elle réussit à paraître au déjeuner le jour suivant, et se déclara bien portante, quoique sa tête et son cœur fussent palpitants. Être confinée dans sa chambre était insupportable ; c’était désespérant d’être regardée et obligée de parler, mais c’était bien pire de rester seule. Elle était effrayée de ses propres pensées, de l’implacable lucidité avec laquelle les tableaux du passé et de l’avenir se présentaient à son imagination. Puis un autre sentiment, aussi, lui faisait désirer de descendre et d’agir. Peut-être pourrait-elle trouver l’occasion de parler au capitaine Wybrow seul, de lui jeter à la face ces mots de haine et de mépris qui lui brûlaient le cœur. Cette occasion s’offrit d’elle-même d’une manière très inattendue.

Lady Cheverel ayant prié Caterina d’aller lui chercher dans sa chambre quelques modèles de broderie, le capitaine Wybrow sortit du salon après elle et la rencontra comme elle redescendait.

« Caterina », dit-il en lui posant la main sur le bras, comme elle se hâtait sans le regarder, « voulez-vous vous rencontrer avec moi dans la Rookery à midi ? J’ai à vous parler, et nous y serons seuls. Je ne puis le faire dans la maison. »

À son grand étonnement, le visage de Caterina laissa voir une rapide expression de plaisir ; elle répondit d’un ton décidé : « Oui », puis elle retira son bras et continua son chemin.

Miss Assher dévidait des soies, désireuse de rivaliser en fait de broderie avec lady Cheverel, et lady