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un médaillon d’or enchâssant une petite miniature. Sous le verre du fond étaient deux boucles de cheveux, l’une noire, l’autre brune, arrangées en nœud fantastique. C’était un présent mystérieux d’Anthony, qu’il lui avait offert un an auparavant, une copie qu’il avait fait faire de son portrait. Pendant le dernier mois elle ne l’avait pas tiré de sa cachette : il n’était pas besoin de raviver le passé. Mais maintenant elle le saisit avec fureur et le jeta à travers la chambre contre la pierre du foyer.

Le foulera-t-elle aux pieds et l’écrasera-t-elle sous son talon, jusqu’à ce que toute trace des traits faux et cruels ait disparu ?

Oh non ! Elle s’élance pour le ramasser, et, quand elle voit le trésor chéri, si souvent couvert de baisers, si souvent placé sous son oreiller et contemplé au réveil, quand elle voit cette relique visible de son trop heureux passé, le verre brisé, les boucles de cheveux détachées, le mince ivoire fendu, il y a réaction : le repentir vient et elle fond en larmes.

Regardez-la se baisser pour ramasser son trésor, chercher les cheveux et les replacer, puis examiner tristement le dégât qui défigure l’image aimée.

Hélas ! il n’y a plus de verre maintenant pour préserver les cheveux et le portrait ; mais avec quel soin elle enveloppe le médaillon et le replace dans sa cachette. Pauvre enfant ! Dieu veuille que le repentir lui arrive à l’avenir avant l’acte irréparable !

Elle s’était calmée et s’était assise pour relire la lettre de Maynard. Elle la lut deux ou trois fois sans paraître la comprendre ; son esprit était encore troublé par la colère, et elle trouvait difficile de