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Caterina fut d’abord trop blessée des mots qui concernaient le capitaine Wybrow pour penser soit à ce que sir Christopher pourrait lui dire, soit à ce qu’elle pourrait répondre. Un sentiment plus amer de l’injure qui lui était faite, un ressentiment furieux ne laissaient point de place à la crainte. La victime condamnée au supplice gémit sous la torture et ne pense pas à la mort qui s’approche.

Anthony avait fait cela ! C’était une cruauté préméditée, gratuite. Il tenait à lui montrer combien il la dédaignait ; il tenait à lui faire sentir combien elle avait été folle d’avoir jamais pu croire qu’il l’aimait.

Tout ce qu’elle avait encore de confiance et de tendresse était anéanti ; elle n’éprouvait plus maintenant que de la haine. Elle n’avait plus besoin maintenant de contenir son ressentiment par la crainte d’être injuste ; il s’était joué de son cœur, comme Maynard l’avait dit ; il ne s’était fait aucun souci d’elle, et maintenant il était vil et cruel. Elle avait des motifs suffisants d’amertume et de colère ; elle n’était pas si coupable qu’elle l’avait cru par moments. Tandis que ces pensées se succédaient comme les palpitations d’une douleur fiévreuse, elle ne versait point de larmes. Elle marchait avec agitation, selon son habitude, les mains serrées, les yeux pleins de fureur et comme une tigresse cherchant quelque objet sur lequel elle pût se jeter.

« Si je pouvais lui parler, murmura-t-elle, et lui dire combien je le hais et le méprise ! »

Soudain, comme si une nouvelle idée la frappait, elle tira une clef de sa poche, et, ouvrant un tiroir dans lequel elle renfermait ses souvenirs, elle y prit