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M. Barton. M. Hackit, qui avait plus d’instruction dogmatique, avait été un peu choqué du paganisme qui perçait dans le discours de Mme Patten ; mais il fut satisfait du nouveau tour donné à la conversation par cette question, qui lui était adressée comme à un administrateur des fonds de l’église dont le jugement faisait autorité dans les affaires de la paroisse.

« Ah ! répondit-il, le pasteur en est venu à ses fins ; au printemps nous commencerons la démolition. Mais nous n’avons pas encore assez d’argent ; mon avis était qu’on attendît d’avoir la somme, car je crois que la congrégation a diminué dernièrement, quoique M. Barton dise qu’il n’y a pas assez de place quand tout le monde vient. La congrégation, voyez-vous, s’était tellement accrue du temps de Parry, que les gens se tenaient debout dans les nefs ; mais aujourd’hui les fidèles sont rares.

— Moi », dit Mme Hackit, dont la nature commençait à se montrer sous son véritable jour, maintenant qu’elle pouvait contrarier, « j’aime M. Barton. Je crois que c’est un bon et honnête homme, quoique l’étage supérieur de son individu ne soit pas très bien meublé ; quant à sa femme, elle est comme il faut, telle qu’on n’en saurait rencontrer de plus gentille. Comme ses enfants sont proprement tenus ! et avec si peu d’argent ; une femme délicate, avec six enfants et bientôt un septième ! Je ne sais comment ils peuvent réussir à nouer les deux bouts, à présent que la tante de Mme Barton les a quittés. Mais je leur ai envoyé un fromage et un sac de pommes de terre la semaine dernière ; c’est toujours quelque chose pour nourrir ces petites bouches.