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mis cela en tête, je commence à me blâmer de n’y avoir pas pensé plus tôt. J’ai été tellement absorbé par Béatrice et vous, heureux coquin, que j’avais vraiment oublié le pauvre Maynard. Et il est plus âgé que vous. Il est grandement temps que le mariage le pose dans la vie. »

Dans sa promenade à cheval avec miss Assher, le matin même, le capitaine fit mention incidemment du projet de sir Christopher d’unir Gilfil et Caterina le plus tôt possible, et ajouta que lui, de son côté, mettrait tous ses soins à avancer l’affaire. Ce serait la meilleure chose du monde pour Tina.

Avec sir Christopher il n’y avait jamais un long intervalle entre le projet et l’exécution.

Il se décidait promptement et agissait de même. En quittant la table du déjeuner, il dit à M. Gilfil : « Venez avec moi dans la bibliothèque, Maynard, j’ai un mot à vous dire. »

« Maynard, mon garçon, commença-t-il dès qu’ils furent assis, en frappant sur sa tabatière, et l’air radieux à l’idée du plaisir inattendu qu’il allait causer : pourquoi n’aurions-nous pas deux couples heureux au lieu d’un, avant la fin de l’automne, eh ? Eh ? » répéta-t-il après un moment, en allongeant le monosyllabe, prenant lentement une prise et regardant Maynard avec un sourire en dessous.

« Je ne suis pas tout à fait certain de vous comprendre, monsieur, répondit M. Gilfil, qui se sentait pâlir.

— Vous ne comprenez pas, coquin ? Vous savez très bien le bonheur de qui m’est le plus à cœur après celui d’Anthony. Vous savez que vous m’avez depuis longtemps fait part de votre secret ; ainsi il ne peut