Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maladive que les plus innocentes paroles du capitaine Wybrow l’auraient irritée, comme l’attouchement de la plume la plus délicate peut affecter une personne nerveuse. Mais ce ton de remontrance lui fut intolérable. Après lui avoir fait un mal irréparable, il prenait maintenant envers elle un air de sévérité bienveillante. C’était un nouvel outrage. Sa profession de bon vouloir était de l’insolence.

Elle retira vivement sa main et dit avec indignation : « Laissez-moi seule, capitaine Wybrow, que je ne vous dérange pas.

— Caterina, pourquoi êtes-vous si injuste à mon égard ? C’est pour vous que je suis inquiet. Miss Assher a déjà remarqué votre conduite singulière, soit envers elle, soit à mon égard, et cela me place dans une position embarrassante. Que puis-je lui dire ?

— Lui dire ? s’écria Caterina avec amertume en se levant et se dirigeant vers la porte, dites-lui que je suis une pauvre fille assez niaise pour être devenue amoureuse de vous et que je suis jalouse d’elle ; mais que, vous, vous n’avez jamais eu pour moi d’autre sentiment que celui de la pitié et ne m’avez jamais témoigné autre chose que de l’amitié. Dites-lui cela, et elle n’en aura que meilleure opinion de vous. »

Tina proféra ces paroles avec la plus ironique expression de sarcasme qu’elle pût trouver, sans se douter de l’à-propos de ce qu’elle disait. Malgré le sentiment plus instinctif que réfléchi de ce qu’elle souffrait, malgré toute la fureur de sa jalousie et son penchant au ressentiment et à la vengeance, malgré toute cette colère, il subsistait encore en elle quelque reste de confiance entretenue par l’idée qu’Anthony