Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dix dernières années ? Pour moi, je ne comprends rien à cette nouvelle espèce de doctrine. Quand M. Barton vient me voir, il ne me parle que de mes péchés et du besoin que j’ai de pardon. Pourtant, Monsieur Hackit, je n’ai jamais commis de péchés. Dès le commencement, quand j’étais en service, j’ai toujours rempli mon devoir envers mes maîtres. J’ai été une femme aussi bonne qu’aucune autre du comté ; je n’ai jamais contredit mon mari. Le marchand auquel je vendais mes fromages disait que l’on pouvait toujours se fier à ceux que je faisais. J’ai connu des femmes dont les fromages gonflaient d’une manière honteuse, et pourtant leurs maris comptaient sur le produit de cette vente pour payer leur ferme, et, malgré cela, ces mêmes femmes s’achetaient trois robes pour une que je m’accordais. Si moi je ne dois pas être sauvée, j’en connais beaucoup alors qui sont dans une mauvaise route. Il est heureux pour moi que je ne puisse aller à l’église, car, si les vieux chanteurs sont mis de côté, il ne nous restera plus rien de ce que nous avions du temps de M. Patten, et, pour achever, j’apprends qu’on veut démolir l’église pour en bâtir une nouvelle ? »

Le fait est que le Rév. Amos Barton, dans sa dernière visite à Mme Patten, l’avait pressée d’augmenter la souscription de vingt-cinq livres qu’elle avait promises, en lui représentant qu’elle n’était que l’intendante de ses richesses, et qu’elle ne pouvait mieux les employer à la gloire de Dieu qu’en souscrivant largement pour la reconstruction du temple de Shepperton : conseil qui n’était pas fait pour engager Mme Patten à adopter les dogmes de