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CHAPITRE X

Ce soir-là le capitaine Wybrow, en revenant d’une longue promenade avec miss Assher, monta chez lui et s’assit devant son miroir d’un air fatigué. La délicieuse figure qu’il y vit était certainement plus pâle que d’habitude et aurait pu faire excuser l’inquiétude avec laquelle il se tâta d’abord le pouls, puis posa la main sur son cœur.

« C’est une position insupportable pour un homme, pensait-il, les yeux fixés sur le miroir, se renversant en arrière et croisant les mains derrière sa tête ; se trouver entre deux femmes jalouses et prêtes toutes deux à prendre feu comme des copeaux ! Et avec mon état de santé, encore ! Je ne serais pas fâché de laisser là toute l’affaire et de me sauver dans quelque endroit où l’on vive d’oubli et où il n’y ait point de femmes, ou seulement des femmes assez endormies pour ne pas être jalouses. Mais je suis là, ne faisant rien qui me plaise, essayant d’agir de mon mieux ; et tout l’agrément que j’en retire, c’est de supporter le feu de leurs yeux et le venin de leurs langues. Si Béatrice a encore un accès de jalousie, et c’est assez probable, Tina étant si difficile à gouverner, je ne