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indifférence. Vous devez reconnaître, maintenant, qu’il n’est pas digne du sentiment que vous lui avez accordé. Il s’inquiète plus d’une pulsation de plus ou de moins dans ses artères que de tout le chagrin qu’il peut vous causer par son badinage.

— Vous ne devez point me parler ainsi, Maynard, dit Caterina avec colère. Il n’est point ce que vous croyez. Il s’occupait de moi, il m’aimait ; seulement il a dû faire ce que désirait son oncle.

— Certainement ! Ce n’est jamais que par les motifs les plus vertueux qu’il fait ce qui lui convient. »

M. Gilfil hésita. Il sentit qu’il l’irritait et manquait ainsi son but. Il continua d’un ton calme et affectueux :

« Je ne dirai rien de plus, Caterina. Mais, qu’il vous aimât ou non, sa position actuelle envers miss Assher est telle, que tout amour que vous pourriez conserver pour lui n’amènerait que du malheur. Dieu sait que je n’attends pas de vous que vous puissiez cesser de l’aimer au premier avertissement. Le temps, l’absence et le désir de faire ce qui est bien pourront seuls vous conduire à ce résultat. Si ce n’était que sir Christopher et lady Cheverel fussent mécontents et étonnés si vous désiriez quitter la maison dans ce moment, je vous prierais d’aller faire une visite à ma sœur. Elle et son mari sont de bonnes gens, et leur maison serait la vôtre. Mais je ne saurais vous engager à faire cela maintenant sans en donner une raison positive, car ce qui est le plus à redouter serait d’éveiller dans l’esprit de sir Christopher quelque soupçon sur ce qui s’est passé ou sur vos sentiments actuels. Vous le pensez ainsi, n’est-ce pas, Tina ? »

M. Gilfil s’arrêta encore, mais Caterina ne répondit