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Rév. Amos pour deux raisons : d’abord, parce que le pasteur avait consulté un nouveau médecin récemment établi à Shepperton ; puis, parce que, se connaissant lui-même en remèdes, on lui attribuait la guérison d’un malade de M. Pilgrim. « On dit que son père était un cordonnier dissident, et qu’il est dissident lui-même. Mais n’improvise-t-il pas aussi dans cette chaumière là-haut, le dimanche soir ?

— Tchaw ! » ceci était l’interjection favorite de M. Hackit, « cette prédication sans cahier n’est pas bonne, à moins que l’homme n’ait un don, et qu’il sache la Bible sur le bout du doigt. C’était très bien pour Parry, il avait un don ; étant jeune, j’ai entendu, dans le Yorkshire, des prédicateurs en plein air parler une heure ou deux de suite, sans jamais s’arrêter. Je me rappelle qu’un malin disait à ce sujet : « vous êtes comme le pigeon des bois qui dit toute la journée : Faites, faites[1], et qui lui-même ne se met jamais à faire quelque chose. » Cela s’appelle rendre aux gens la monnaie de leur pièce. Mais notre pasteur n’a aucun don ; il peut aussi bien qu’un autre faire un sermon quand il l’écrit, mais, quand il essaye de prêcher sans cahier, il s’égare, ne s’en tient pas au texte, et de temps en temps se débat comme une brebis qui est sur le dos et ne peut se relever. Madame Patten, vous n’aimeriez pas cela, si vous alliez à l’église à présent ?

— Eh ! vraiment, dit Mme Patten en se renversant dans son fauteuil et en élevant ses petites mains maigres, que dirait M. Gilfil s’il pouvait connaître les changements survenus dans l’église pendant ces

  1. En anglais do, do.