Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour vous qui me poussent à parler. Vous savez que vous êtes pour moi plus que tout le reste du monde ; mais je ne vous entretiendrai pas d’un sentiment que vous ne pouvez partager. Je vous parle comme un frère, comme le vieux Maynard, celui qui vous grondait il y a dix ans, lorsque vous embrouilliez votre ligne à pêcher. Ne croyez point qu’aucun motif égoïste me guide si je vous entretiens de choses qui vous sont pénibles.

— Non, je sais que vous êtes très bon, dit Caterina distraite.

— D’après ce que j’ai vu hier, continua M. Gilfil en hésitant et rougissant légèrement, je suis porté à craindre, pardonnez-moi si je me trompe, Caterina, que le capitaine Wybrow ne joue encore avec vos sentiments, et qu’il ne se conduise pas avec vous comme doit le faire un homme qui est déclaré ouvertement le fiancé d’une autre femme.

— Que voulez-vous dire, Maynard ? dit Caterina, la colère brillant dans ses yeux. Voulez-vous faire entendre que je lui permets de me faire la cour ? Quel droit avez-vous de penser cela ? Que signifie ce que vous avez vu hier ?

— Ne vous fâchez pas, Caterina, je ne vous suppose pas le moindre tort. Je soupçonne seulement ce fat sans cœur d’entretenir en vous des sentiments qui non seulement détruisent votre paix intérieure, mais peuvent avoir de très fâcheuses conséquences pour d’autres. Je dois vous avertir que miss Assher a les yeux ouverts sur ce qui se passe entre vous et le capitaine, et je suis sûr qu’elle est jalouse de vous. Je vous en prie, faites le plus grand effort, Caterina, pour vous conduire envers lui avec politesse et