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amour ; et ces scènes me donnent de terribles palpitations.

— Il me faut une réponse à cette seule question, dit miss Assher un peu radoucie : n’avez-vous éprouvé aucun amour pour miss Sarti ? Je n’ai rien à voir à ses sentiments, mais j’ai le droit de connaître les vôtres.

— J’aime beaucoup Tina ; qui n’aimerait pas une jeune fille si simple et si bonne ? Mais de l’amour, c’est une chose bien différente. On a de l’affection fraternelle pour une femme semblable à Tina : c’est pour une autre que l’on a de l’amour. »

Ces derniers mots furent confirmés par un regard de tendresse et un baiser que le capitaine Wybrow imprima sur la main qu’il tenait. Miss Assher était vaincue. Il était si peu probable qu’Anthony pût être amoureux de cette jeune fille insignifiante, et si probable, au contraire, qu’il dût adorer la belle miss Assher. À tout prendre, il était plutôt agréable que d’autres femmes eussent le cœur languissant pour son beau fiancé ; c’était vraiment un être exquis. Pauvre miss Sarti ! Bah ! elle s’en consolerait.

Le capitaine Wybrow vit son avantage. « Allons, mon doux ange, continua-t-il, ne parlons plus de choses pénibles. Vous garderez le secret de Tina ; et, à cause de moi, vous serez bonne pour elle, n’est-ce pas ? Venez faire une promenade, à présent ? Voyez quelle magnifique journée pour monter à cheval. J’ai terriblement besoin d’air. Donnez-moi un baiser de pardon et dites que nous irons. »

Miss Assher acquiesça à cette double requête et alla mettre son amazone, tandis que son fiancé se rendait aux écuries.