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sol, moussu, recouvert de larges palettes de plantes marécageuses, indiquait que la demeure de M. Bates était humide, même pendant les beaux jours ; mais l’opinion de son propriétaire était qu’un peu d’humidité extérieure ne pouvait faire aucun mal à un homme qui ne néglige pas l’antidote souverain, le rhum et l’eau.

Caterina aimait ce nid. Chaque objet lui en était familier, depuis les jours où M. Bates l’y portait sur son bras, alors qu’elle cherchait par de petits cris à imiter le croassement des corneilles et battait des mains en voyant les grenouilles vertes sauter dans l’herbe humide, ou en examinant d’un air grave les poules gloussantes du jardinier. Dans ce moment, ce lieu lui parut plus joli que jamais ; il était si loin du chemin de miss Assher, de cette beauté parfaite et de ses petites remarques polies. Elle pensa que M. Bates ne serait pas encore rentré pour dîner et qu’elle se reposerait en l’attendant.

Elle se trompait. M. Bates était assis dans son fauteuil, son mouchoir de poche étendu sur son visage, et dormait, manière la plus commode de faire passer les heures inutiles qui séparent les repas, lorsque la pluie force un homme à rester à la maison. Réveillé par le furieux aboiement de son bouledogue enchaîné, il reconnut l’approche de sa petite favorite et se présenta à sa porte, où il paraissait d’une grandeur disproportionnée pour la hauteur de la chaumière. Le bouledogue, en même temps, se relâchant de son devoir officiel, commença un échange de caresses amicales avec Rupert.

Les cheveux de M. Bates étaient devenus gris ; mais son corps n’en était pas moins solide et son