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À la porte du vestibule elle trouva établi sur la natte le vieux chien courant Rupert, bien déterminé à faire jouir de sa société la première personne assez sensée pour faire une promenade. Comme il avançait sa grosse tête sous la main de Caterina, en remuant la queue pour lui souhaiter le bonjour et sautant pour lui lécher le visage, elle fut toute reconnaissante de ces témoignages d’amitié. Les animaux sont des amis si agréables ; ils ne font ni questions ni reproches.

Les Mousses étaient une portion retirée de la propriété, entourée par un petit ruisseau qui s’échappait de l’étang, et Caterina aurait difficilement pu choisir, par une journée humide, une promenade moins convenable ; quoique la pluie eût diminué et qu’elle cessât bientôt, il tombait encore une assez forte averse des arbres qui surplombaient la plus grande partie du chemin. Mais elle trouva le soulagement qu’elle cherchait à son agitation dans la nécessité fatigante d’ouvrir à son parapluie un passage dans la verdure. Cet exercice pénible avait sur son corps délicat la même influence qu’un jour de chasse sur la jalousie et la tristesse de M. Gilfil, qui parfois avait recours à cet innocent calmant, la fatigue.

Lorsque Caterina atteignit le joli petit pont de bois qui formait la seule entrée des Mousses, le soleil avait dissipé les nuages et, brillant à travers les branches des grands ormes entourant la chaumière du jardinier, changeait les gouttes de pluie en diamants et faisait relever la tête aux fleurs affaissées. Les corneilles redoublaient leur croassement monotone, paraissant aussi trouver de grandes ressources de conversation dans le changement du temps. Le