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CHAPITRE VII

Caterina s’était dégagée du bras d’Anthony par un effort suprême, semblable à celui de l’homme qui conserve tout juste assez de présence d’esprit pour s’apercevoir que les vapeurs de charbon le priveront de sentiment s’il ne se précipite à l’air pur ; mais, quand elle fut dans sa chambre, elle était encore trop enivrée par ce retour d’anciennes émotions, trop agitée par cet élan soudain de tendresse chez celui qu’elle aimait, pour savoir ce qui dominait en elle, de la peine ou du plaisir. Il lui semblait qu’un miracle se fût opéré dans son petit monde intérieur, qui rendait l’avenir plus indécis, et qu’une vapeur matinale légère, encore un peu confuse, allait colorer les teintes grises d’une sombre journée.

Elle sentait le besoin d’un mouvement rapide, le désir de sortir et de marcher malgré la pluie. Heureusement, une petite éclaircie dans les nuages semblait promettre que, vers le milieu du jour, le temps serait plus beau. Caterina se dit : « J’irai aux Mousses et je porterai à M. Bates la cravate de laine que je lui ai tricotée ; de cette manière, lady Cheverel ne sera pas étonnée que je sois sortie ».