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elle passa tranquillement la matinée, miss Assher et le capitaine Wybrow étant sortis à cheval. Le soir il y eut du monde à dîner, et, après que Caterina eut un peu chanté, lady Cheverel, se rappelant qu’elle était souffrante, l’envoya se coucher, et elle s’endormit bientôt profondément. Le corps et l’âme doivent renouveler leurs forces pour souffrir, tout comme pour jouir.

Le lendemain, le temps étant pluvieux, il fallut rester à la maison. Il fut décidé qu’on visiterait tout l’intérieur du château et qu’on entendrait l’histoire des changements apportés dans l’architecture et celle des portraits de famille et des diverses raretés de la galerie.

La société, excepté M. Gilfil, se trouvait réunie au salon lorsqu’on fit cette proposition ; et, quand miss Assher se leva, elle se tourna vers le capitaine, s’attendant à ce qu’il se lèverait aussi ; mais il garda sa place vers le feu et se mit à lire le journal.

« Ne venez-vous pas, Anthony ? dit lady Cheverel, remarquant le mouvement de miss Assher.

— Je vous prie de vouloir m’excuser, répondit-il en se levant pour ouvrir la porte. Je me sens un peu de frisson ce matin, et j’ai peur des chambres froides et des courants d’air. » Miss Assher rougit, mais ne dit rien et sortit, suivie par lady Cheverel.

Caterina était assise à son ouvrage près de la fenêtre. C’était la première fois qu’elle et Anthony allaient se trouver seuls ensemble ; auparavant elle avait vu qu’il cherchait à l’éviter. Mais maintenant certainement il désirait lui parler, lui dire peut-être quelques paroles bienveillantes. Bientôt il quitta le coin du feu et vint s’asseoir en face d’elle.