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CHAPITRE VI

Le matin suivant, lorsque Caterina fut réveillée de son lourd sommeil par Martha lui apportant de l’eau chaude, le soleil brillait, le vent était tombé, et les heures de souffrance nocturne lui semblaient n’avoir été qu’un songe, malgré la fatigue de ses membres et la douleur de ses yeux. Elle se leva et s’habilla, dominée par une singulière sensation d’insensibilité, comme si rien ne pouvait plus la faire pleurer, et même elle sentit une espèce d’impatience de se rendre au milieu de la société qu’elle avait fuie la veille, afin d’être débarrassée de cet état d’inertie par le contact de ses semblables. La vue du bienfaisant soleil du matin nous rend facilement honteux de nos fautes et de nos folies, lorsqu’il vient à nous comme un ange aux ailes brillantes, et Tina s’accusa d’avoir été la veille sotte et méchante. Ce jour-là elle voulait essayer d’être bonne, et, lorsqu’elle s’agenouilla pour faire sa courte prière, la même qu’elle avait apprise par cœur à l’âge de dix ans, elle ajouta : « Ô mon Dieu, aide-moi à supporter ».

Ce jour-là sa prière fut exaucée, car, sauf quelques remarques qu’on lui fit au déjeuner sur sa pâleur,