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lumière, que la pauvre enfant aurait désiré garder pour lui tenir compagnie.

Il lui fut impossible de rester longtemps couchée, à cause des battements de son cœur ; la petite figure blanche fut bientôt hors du lit, cherchant un soulagement dans la sensation du froid. Il faisait assez clair dans la chambre ; car la lune, presque en son plein, était haut dans le ciel, au milieu de nuages dispersés par le vent. Caterina ouvrit le rideau de la fenêtre, et, assise le front appuyé contre les vitres froides, elle regarda la vaste étendue du parc et des prairies.

Comme il paraît triste le clair de lune lorsqu’un vent violent agite et tourmente les arbres de son invisible souffle !

Les herbes brusquement ondulées font frissonner Caterina d’un froid sympathique, et les saules près de l’étang se courbent et semblent désespérés comme elle-même. Ce spectacle lui plaît par sa tristesse ; il lui semble y trouver quelque pitié. Ce n’est pas comme ce bonheur égoïste et insensible des amants, qui s’étale devant sa souffrance.

Elle appuya fortement son front contre la fenêtre, et ses pleurs coulèrent en abondance. Elle était reconnaissante de pouvoir pleurer, car la colère furieuse qu’elle avait ressentie tandis que ses yeux étaient secs l’épouvantait. Si cette effrayante sensation s’emparait d’elle en présence de lady Cheverel, elle ne serait pas capable de la maîtriser.

Puis elle pensait à sir Christopher, si bon pour elle, si heureux du mariage d’Anthony, et se faisait des reproches d’avoir eu de si mauvaises pensées !

« Oh ! je ne puis m’en empêcher, je ne puis m’en