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ressens. Il a donc tout oublié : comment il disait qu’il m’aimait ; comment il prenait ma main dans la sienne, quand nous nous promenions ensemble ; comment il se tenait près de moi le soir pour regarder dans mes yeux. Oh ! c’est cruel, cruel ! » s’écria-t-elle de nouveau. Toutes ces heures passées d’amour revenaient à sa mémoire. Les pleurs jaillirent ; elle se jeta à genoux près de son lit et sanglota amèrement.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, lorsqu’elle entendit la cloche de la prière ; et, pensant que lady Cheverel enverrait peut-être quelqu’un pour s’informer d’elle, elle se leva et se déshabilla à la hâte, pour s’enlever toute possibilité de redescendre. Elle avait déjà dénoué ses cheveux et s’était couverte d’une robe de nuit, lorsqu’on frappa à sa porte : « Miss Tina, dit la voix de Mme Sharp, milady fait demander si vous êtes malade ? »

Caterina entr’ouvrit la porte : « Je vous remercie, ma chère madame Sharp, dit-elle, j’ai un violent mal de tête ; je vous prie de dire à milady que je me suis sentie souffrante après avoir chanté.

— Alors, bonté du ciel ! pourquoi n’êtes-vous pas au lit, au lieu de rester à grelotter là, pour vous tuer ? Allons, laissez-moi attacher vos cheveux et vous couvrir chaudement.

— Non, je vous remercie ; je serai bien vite au lit. Bonne nuit, ma chère Sharp ; ne grondez pas ; je serai sage, je vais me coucher. »

Caterina embrassa sa vieille amie ; mais madame Sharp ne se laissa pas persuader et insista pour voir son ancienne élève au lit ; puis elle emporta la