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avait commencé à connaître les terribles palpitations du triomphe et de la haine.

Après le chant, sir Christopher et lady Assher se mirent au whist avec lady Cheverel et M. Gilfil, et Caterina s’assit à côté du baronnet, comme pour suivre le jeu et ne point gêner le couple amoureux. Au premier moment elle fut joyeuse de son triomphe et se sentit la force de l’orgueil ; mais, son regard se reportant près de la cheminée, où le capitaine Wybrow, assis à côté de miss Assher, se penchait vers elle d’un air épris, Caterina commença à éprouver une sensation pénible. Elle pouvait voir, presque sans regarder, qu’il prenait le bras de Béatrice pour examiner son bracelet ; leurs têtes étaient très rapprochées, les boucles de leurs cheveux se mêlant, et maintenant il posait les lèvres sur cette main. Caterina sentit le feu monter à ses joues ; elle ne put rester plus longtemps assise. Elle se leva, feignit de chercher quelque chose et enfin sortit du salon.

Une fois dehors, elle prit une lumière et, se hâtant à travers les corridors, elle monta à sa chambre, dont elle ferma la porte à clef.

« Oh ! je ne puis le supporter, je ne puis le supporter ! s’écria la pauvre enfant à haute voix, en croisant ses doigts et les serrant contre son front, comme si elle eût voulu les briser. Et cela continuera ainsi des jours et des jours, et sous mes yeux ! »

Elle chercha quelque chose à détruire pour calmer sa colère. Il y avait sur la table un mouchoir de batiste ; elle le prit, le lacéra tout en marchant de long en large ; puis elle en fit une balle serrée dans sa main.

« Et Anthony, il ne s’inquiète pas de ce que je