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« Certainement on doit avoir un costume de laine, parce que c’est l’usage, vous savez ; mais cela n’empêche personne de porter de la toile dessous ; je disais toujours : Lorsque sir John mourra, je l’enterrerai avec sa chemise, et c’est ce que j’ai fait. Je vous conseillerais d’en faire autant avec sir Christopher. C’était un homme grand et gros, sir John, avec son nez comme Béatrice ; il était difficile pour ses chemises. »

Miss Assher, pendant ce temps, s’était assise près de Caterina, et, avec cette affabilité souriante qui semble dire : « Je ne suis pas du tout fière, quoique vous puissiez le penser » :

« Anthony, fit-elle, me dit que vous chantez admirablement ; j’espère que nous vous entendrons ce soir.

— Volontiers, dit Caterina sans sourire ; je chante toujours quand on me le demande.

— Je vous envie un si agréable talent. Figurez-vous que je n’ai pas d’oreille ; je ne puis saisir le plus petit air ; et j’aime tant la musique. N’est-ce pas malheureux ? Mais j’en jouirai pendant mon séjour ici ; le capitaine Wybrow dit que vous en faites tous les jours.

— J’aurais cru que vous ne deviez pas aimer la musique, puisque vous n’avez pas l’oreille juste, dit simplement Caterina.

— Je vous assure que j’en ai la passion, et Anthony l’aime tellement ; ce serait si délicieux si je pouvais jouer et chanter pour lui, quoiqu’il dise qu’il aime mieux que je ne chante pas, parce que cela ne s’accorde pas avec l’idée qu’il se fait de moi. Quel genre de musique préférez-vous ?

— Je ne sais pas. J’aime toute belle musique.