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nous donner de fausses idées. Je me réjouis de visiter la maison, sir Christopher, et d’apprendre l’histoire de tous vos plans architecturaux, qui, d’après Anthony, vous ont coûté tant de peine et d’étude.

— Prenez garde à vous, en amenant un vieillard à parler du passé, ma chère, dit le baronnet. J’espère que nous vous trouverons quelque passe-temps plus agréable que de feuilleter mes vieux dessins. Notre ami, que voici, M. Gilfil, a trouvé pour vous une superbe jument, et vous pourrez parcourir le pays tant que le cœur vous en dira. Anthony nous a parlé de vos talents d’amazone. »

Miss Assher se tourna vers M. Gilfil avec son plus brillant sourire et le remercia avec la grâce expansive d’une personne qui désire qu’on la trouve charmante et qui est sûre du succès.

« Ne me remerciez pas, je vous prie, dit M. Gilfil, jusqu’à ce que vous ayez essayé la jument. Elle a été montée par lady Sara Linter pendant ces deux dernières années ; mais le goût d’une dame peut n’être pas celui d’une autre en fait de chevaux comme en bien d’autres choses. »

Pendant cette conversation, le capitaine Wybrow, appuyé contre la cheminée, se contentait de répondre aux coups d’œil animés de miss Assher, en laissant tomber sur elle de dessous sa paupière indolente un regard indifférent.

« Elle est bien amoureuse de lui », pensa Caterina. Mais elle était soulagée en voyant Anthony faire sa cour d’une manière aussi passive. Elle trouva qu’il avait l’air pâle et plus languissant qu’à l’ordinaire. « S’il pouvait ne pas l’aimer beaucoup, s’il pensait quelquefois au passé avec regret, je crois que je pourrais