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poudre, tombaient en boucles autour de son visage et couvraient ses épaules. La brillante teinte carmin de ses joues rondes, la délicatesse de son nez donnaient l’impression d’une beauté splendide, bien que ses yeux bruns fussent très ordinaires, son front étroit et ses lèvres minces. Elle était en deuil, et le noir mat de son costume de crêpe, rehaussé çà et là par des ornements de jais, faisait ressortir l’éclat de son teint et la blancheur de ses bras, nus depuis le coude. Le premier coup d’œil était éblouissant, et, comme elle était debout, abaissant les yeux avec un gracieux sourire sur Caterina, que lady Cheverel lui présentait, la pauvre petite créature reconnut elle-même, pour la première fois, toute la folie de son rêve passé.

« Nous sommes enchantées de votre habitation, sir Christopher, dit lady Assher avec une certaine majesté qui semblait plutôt empruntée que naturelle ; je suis sûre que votre neveu a été scandalisé du désordre de Farleigh. Le pauvre sir John s’inquiétait si peu de bien tenir la maison et les terres ! Je lui en parlais souvent ; mais il répondait : « Bah, bah ! aussi longtemps que mes amis trouveront chez moi un bon dîner et une bouteille de bon vin, ils ne s’inquiéteront pas de mes plafonds enfumés. » Il était si hospitalier, sir John !

— J’ai trouvé la maison, vue depuis le parc, dès que l’on a passé le pont, remarquablement belle, dit miss Assher, interrompant assez vivement sa mère, comme si elle craignait que celle-ci ne se lançât dans quelques phrases malencontreuses, et le plaisir du premier coup d’œil a été d’autant plus grand qu’Anthony n’avait rien voulu nous décrire. Il ne voulait pas gâter notre première impression en risquant de