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cinq heures la voiture de lady Assher entra sous le portique. Caterina, assise dans sa chambre, occupée à son ouvrage, entendit le bruit des roues, suivi bientôt du fracas des portes qu’on ouvrait et fermait et du son des voix dans les corridors. Se rappelant que le dîner était à six heures et que lady Cheverel lui avait demandé d’être de bonne heure au salon, elle se leva à la hâte pour s’habiller et fut charmée de se sentir tout d’un coup forte et courageuse. La curiosité de voir miss Assher, la pensée qu’Anthony était dans la maison, le désir de ne pas paraître sans attrait, amenèrent du vermillon sur ses lèvres et lui aidèrent à se parer. On lui demanderait ce soir-là de chanter, et elle chanterait bien. Il ne fallait pas que miss Assher la crût tout à fait insignifiante. Aussi mit-elle sa robe de soie grise à perles et ses rubans cerise avec autant de soin que si elle eût été la fiancée ; elle n’oublia point les boucles d’oreilles que sir Christopher avait dit à lady Cheverel de lui donner, « parce que les petites oreilles de Tina étaient jolies ».

Malgré sa hâte, elle trouva sir Christopher et lady Cheverel déjà au salon, causant avec M. Gilfil ; ils lui dirent combien miss Assher était belle, mais tout à fait différente de sa mère ; elle ressemblait apparemment à son père.

« Ah, ah ! dit sir Christopher en se retournant pour regarder Caterina, comment trouvez-vous ceci, Maynard ? Avez-vous jamais vu Tina aussi jolie ? Vraiment, cette petite robe grise a été faite d’un morceau de celle de milady, n’est-ce pas ? Il ne faut guère, pour habiller le petit singe, plus d’étoffe qu’il n’en faudrait pour un mouchoir de poche. »

Lady Cheverel, sereine et radieuse par la certitude,