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CHAPITRE V

L’inexorable tic-tac de la pendule que rien n’arrête a pour ceux qui redoutent l’avenir une palpitation douloureuse, rendue plus vive par une crainte maladive. Il en est de même de la grande horloge de la nature. Les pâquerettes et les primevères cèdent la place aux herbes ondulées parsemées des tons chauds de l’oseille rouge ; celles-ci disparaissent à leur tour et les prairies offrent le spectacle d’émeraudes enchâssées dans les haies touffues ; le blé à tête dorée commence à plier sous le poids des riches épis ; les moissonneurs sont courbés sur leur travail, et les gerbes sont bientôt liées ; puis voici que des lignes de chaume s’allongent à côté de bandes d’un rouge brun que la charrue retourne pour les préparer à recevoir la semence nouvellement battue. Et ce passage d’une beauté à une autre, qui, pour les heureux, est comme une mélodie continue, annonce à plus d’un cœur humain l’approche de l’angoisse prévue, et semble le précipiter vers l’instant où l’appréhension sera suivie de la désespérante réalité.

Combien cet été de 1788 sembla se hâter cruellement pour Caterina ! Certainement les roses disparu-