Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aimait la société de son pupille ; et, comme Maynard avait quelque fortune, il pourrait trouver une vie facile dans cette agréable maison, en ayant un cheval de chasse et en s’acquittant tranquillement de ses devoirs ecclésiastiques, jusqu’au moment où la cure de Cumbermoor serait libre et où il pourrait s’établir définitivement dans le voisinage du château. « Avec Caterina pour la vie, aussi », à ce que pensa bientôt sir Christopher, car, quoique le baronnet ne fût pas très prompt à imaginer ce qui était opposé à ses convenances, il voyait très vite ce qui pouvait s’accorder avec ses propres plans. La vérité sur les sentiments de Maynard ne lui avait pas échappé, et une question directe avait confirmé son opinion à ce sujet. Il arriva d’un saut à la conclusion que Caterina éprouvait le même sentiment, ou au moins l’éprouverait, quand elle serait en âge. Mais il était encore trop tôt pour rien dire ou rien faire de positif.

Sur ces entrefaites surgirent de nouvelles circonstances, qui, sans rien changer à ses projets, convertirent en inquiétudes les espérances de M. Gilfil et lui firent voir clairement que non seulement le cœur de Caterina ne lui appartiendrait probablement jamais, mais que ce cœur était entièrement donné à un autre.

Une ou deux fois, pendant l’enfance de Caterina, on avait reçu la visite au manoir d’un autre garçon, plus jeune que Maynard, un beau jeune homme à boucles brunes, élégamment vêtu, que Caterina avait regardé avec une timide admiration. C’était Anthony Wybrow, fils d’une sœur cadette de sir Christopher et choisi comme héritier du manoir de Cheverel. Le