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Mais longtemps avant que Tina fût arrivée à cette époque de son histoire, une nouvelle vie commença pour elle à l’arrivée d’un compagnon plus jeune qu’aucun de ceux qu’elle avait connus jusqu’alors. Elle n’avait que sept ans lorsqu’un pupille de sir Christopher, âgé de quinze ans, nommé Maynard Gilfil, commença à venir passer ses vacances au manoir de Cheverel et n’y trouva aucune société qui lui convînt mieux que celle de Caterina. Maynard était un enfant aimant, qui conservait du goût pour les lapins blancs, les écureuils et les cochons d’Inde, même après l’âge où les jeunes messieurs regardent ordinairement ces choses comme puériles. Il était très adonné à la pêche et à la menuiserie, considérée comme un bel art quand il n’a aucun but d’utilité. Dans toutes ces occupations c’était son plaisir d’avoir Caterina près de lui, de lui donner de petits noms affectueux, de répondre à ses questions et de la voir trotter près de lui, comme vous pouvez voir trotter un épagneul de Blenheim après un grand chien d’arrêt. Chaque fois que Maynard retournait au pensionnat, il y avait une petite scène lors de la séparation. « Vous ne m’oublierez pas, Tina, avant que je revienne ? Vous garderez bien toutes les cordes de fouet que nous avons faites, et vous ne laisserez pas périr le cochon d’Inde. Allons, donnez-moi un baiser et promettez-moi de ne pas m’oublier. »

Lorsque avec les années Maynard passa du pensionnat au collège, et que de mince garçon il devint un vigoureux jeune homme, leur camaraderie pendant les vacances prit une forme différente, mais conserva toujours une familiarité de frère à sœur. Chez Maynard, l’affection de jeune garçon était in-