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jambes nues et maigres. Un sarrau fait d’une vieille étoffe qui avait eu de brillantes couleurs était son seul vêtement. Ses grands yeux noirs ressortaient sur son singulier petit visage, comme des pierres précieuses se détachent d’une image grotesque sculptée dans du vieil ivoire. Elle tenait à la main une fiole vide et s’amusait à mettre et à ôter le bouchon, pour entendre le bruit que cela produisait.

La Pazzani s’approcha du lit et dit : « Ecco la nobilissima donna ! » mais, aussitôt après, elle s’écria : « Sainte mère ! il est mort ! »

C’était la vérité. Le billet n’avait pas été envoyé à temps pour que Sarti pût mettre à exécution son projet de demander à la grande dame anglaise de prendre soin de sa Caterina. Cette pensée avait hanté son cerveau dès qu’il avait commencé à craindre que sa maladie ne fût mortelle. La dame était riche, elle était bonne, elle ferait certainement quelque chose pour la pauvre orpheline.

Enfin il avait envoyé ce chiffon de papier, et ses désirs seraient accomplis, quoiqu’il n’eût pas vécu assez pour les exprimer. Lady Cheverel pourvut aux dépenses des funérailles et emmena Caterina, voulant consulter sir Christopher sur ce qu’il fallait en faire. Mme Sharp, elle-même, avait été assez émue par la scène à laquelle elle avait assisté, et, lorsqu’elle fut appelée pour se charger de Caterina, elle versa quelques larmes, quoiqu’elle ne fût point sujette à cette faiblesse ; il est vrai qu’elle s’en abstenait par principe, car elle disait souvent que c’était la pire chose du monde pour les yeux.

En retournant à l’hôtel, lady Cheverel forma