Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’inquiéter et songeait à faire prendre des informations à l’adresse que Sarti avait donnée, lorsqu’un jour, comme elle était prête à sortir en voiture, le laquais lui apporta un petit morceau de papier qu’il dit lui avoir été remis par un homme portant du fruit. Le papier ne contenait que trois lignes d’une écriture tremblante.

« Son Eccelentissima aura-t-elle, pour l’amour de Dieu, assez pitié d’un mourant pour venir le voir ? »

Lady Cheverel reconnut à grand’peine l’écriture de Sarti, et, montant tout de suite en voiture, se fit conduire Strada Quinquagesima, numéro 10. Le cocher s’arrêta dans une rue étroite et sale, devant la boutique de fruits de la Pazzini, et cet énorme échantillon du genre féminin se présenta immédiatement à la portière, au grand dégoût de Mme Sharp, qui fit remarquer à M. Warren que la Pazzini était un « hideux marsouin ». La fruitière, cependant, était tout sourire et profondes révérences pour l’Eccelentissima, qui, ne comprenant pas bien son dialecte milanais, abrégea la conversation en lui demandant de la conduire vers le signor Sarti. La Pazzini la précéda dans l’étroit et sombre escalier et ouvrit une porte en priant Sa Seigneurie d’entrer. Droit en face de la porte, sur un misérable grabat était couché le pauvre Sarti. Ses yeux étaient déjà vitreux, et aucun mouvement n’indiqua qu’il s’aperçût de l’entrée de la grande dame.

Sur le pied du lit était assis un petit enfant paraissant à peine âgé de trois ans, la tête couverte d’un bonnet de toile, les pieds chaussés de bottines de peau, au-dessus desquelles passaient des