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dans un grand panier, à l’abri de tout danger.

Quelquefois, cependant, Sarti laissait l’enfant sous la garde d’une autre protectrice. Il était très régulier dans ses dévotions ; trois fois par semaine il se rendait à la grande cathédrale, emportant Caterina avec lui. Là, lorsque le soleil du matin réchauffait à l’extérieur les myriades de flèches et luttait avec l’obscurité de l’intérieur, on aurait pu voir l’ombre d’un homme se glisser, un enfant dans les bras, derrière les piliers, se dirigeant vers une petite madone d’étain suspendue dans un coin retiré près du chœur. Au milieu de toutes les sublimités de la mystérieuse cathédrale, le pauvre Sarti avait choisi cette madone d’étain comme symbole de la miséricorde et de la protection divine, de même qu’un enfant, en face d’un grand paysage, reste indifférent à la beauté des bois et des nuages et ne voit qu’une plume flottante ou un insecte qui se trouve au niveau de ses yeux. C’est là que Sarti adorait et priait, en posant Caterina sur les dalles à ses côtés, et souvent, lorsque l’endroit où il devait se rendre se trouvait près de la cathédrale et qu’il ne voulait pas prendre l’enfant avec lui, il la laissait devant la madone d’étain ; elle restait là, assise, parfaitement tranquille, s’amusant à jaser doucement. Lorsque Sarti revenait, il trouvait toujours que la bienheureuse madone avait pris soin de Caterina.

Telle était, en peu de mots, l’histoire de Sarti. Il s’acquitta si bien du travail que lady Cheverel lui confia, qu’elle lui remit une nouvelle provision d’ouvrage. Mais cette fois, semaine après semaine se passèrent sans que le copiste reparût ou qu’il renvoyât la musique. Lady Cheverel commençait à