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petit roman, comme toutes les vies, entre l’âge de la dentition et celui du tabac.

Pour le moment je m’occupe d’un ministre d’une espèce toute différente : le Rév. Amos Barton, qui vint à Shepperton longtemps après que M. Gilfil eut quitté cette vie, après un intervalle pendant lequel l’évangélisation et la question catholique avaient commencé à agiter les esprits ruraux. Un maréchal papiste avait suscité une forte réaction protestante, en déclarant qu’aussitôt que le bill d’émancipation aurait passé, il ferait un fameux gain, par la vente de grils ; et le peu d’inclination de la majorité des paroissiens de Shepperton à partager la gloire de saint Laurent fit de la question d’Église et de constitution une affaire qui les touchait de près. Un zélé prédicateur évangéliste avait fait vibrer les vieilles parois du temple sous une parole absolument différente de celle de M. Gilfil ; le livre d’hymnes l’avait presque emporté sur la Vieille et sur la Nouvelle Version, et les grands prie-Dieu carrés étaient entourés d’une foule de nouveaux visages venus des points reculés de la paroisse, peut-être de chapelles dissidentes.

Ne supposez point qu’Amos Barton fût le bénéficiaire en titre de Shepperton. C’était le temps où un homme pouvait être titulaire de trois cures à la fois, payer très peu un suffragant pour chacune de celles qu’il n’occupait pas lui-même, et vivre sur la troisième. Il en était ainsi du vicaire titulaire de Shepperton, ministre qui, ayant la manie des briques et du mortier, s’endettait dans la cure qu’il occupait dans un comté au nord, et qui remplissait ses fonctions pastorales à l’égard de Shepperton en gardant