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CHAPITRE III

Le chapitre précédent a donné au lecteur un suffisant aperçu de l’état des choses au manoir de Cheverel pendant l’été de 1788. Nous savons que, dans ce moment-là, la grande nation française était agitée par un conflit d’idées et de passions qui n’étaient que le commencement de ses malheurs. Et dans le sein de notre petite Caterina se passaient aussi de terribles luttes. Le pauvre oiseau, qui commençait à voleter, se frappait en vain la poitrine contre les durs barreaux de l’inévitable, et il est évident que, si cette angoisse devait se prolonger, son pauvre petit cœur serait fatalement brisé.

Si vous prenez quelque intérêt à Caterina et à ses amis du manoir de Cheverel, vous vous demandez sans doute comment cette délicate enfant aux yeux noirs avait pour home cette maison seigneuriale anglaise, habitée par la blonde matrone lady Cheverel ; elle était comme un oiseau-mouche qui se trouverait perché sur un des ormes du parc, à côté du plus beau pigeon pattu de Sa Seigneurie. Certainement elle avait dû être adoptée et amenée toute petite en Angleterre ?

Il en était bien ainsi, vous l’avez deviné.