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clavecin pendant le chant, et le chapelain s’était jeté sur un sofa au bout de la chambre. Chacun d’eux prit un livre. M. Gilfil prit le dernier numéro du Gentleman’s Magazine ; le capitaine, étendu sur un divan près de la porte, ouvrit Faublas ; il se fit un complet silence dans ce salon qui, dix minutes auparavant, vibrait des notes passionnées de Caterina.

Elle s’était dirigée le long des corridors voûtés, éclairés de place en place par une petite lampe à huile, vers le grand escalier qui conduisait à une galerie s’étendant sur toute la face est de l’édifice ; c’est là qu’elle avait l’habitude de se promener quand elle voulait être seule. Les rayons de la lune perçant à travers les fenêtres jetaient d’étranges clartés et de fantastiques ombres sur les objets d’art rangés le long de la muraille. Des statues grecques et des bustes d’empereurs romains ; des bahuts remplis de curiosités naturelles ou d’antiquités, des oiseaux des tropiques et de grandes cornes de cerfs et d’aurochs ; des idoles hindoues et de curieux coquillages, des glaives et des poignards, des cottes de mailles, des lampes romaines et des modèles en miniature de temples grecs ; et, au-dessus de tout cela, des portraits de petits garçons et de petites filles, naguère l’espoir des Cheverel, avec des têtes à cheveux ras, le cou emprisonné dans des fraises empesées ; on y voyait aussi des dames blondes avec des joues roses, des traits microscopiques et des coiffures élevées, de valeureux gentilshommes, avec de larges épaules et des barbes rouges en pointe. C’est là que, les jours de pluie, sir Christopher et sa femme faisaient leur promenade et que l’on jouait au billard ; mais le soir