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trouver du soulagement dans sa sympathie. Caterina s’éloignait d’une bienveillance qu’elle supposait mélangée de critique, comme l’enfant s’éloigne des friandises qu’il suppose cacher quelque médecine.

« Chère Caterina, je crois entendre des voix, dit M. Gilfil ; il se peut qu’on vienne de ce côté. »

Elle comprit, et, en personne habituée à cacher ses émotions, elle essuya ses larmes et courut à l’autre bout du jardin, où elle parut occupée à choisir une rose. Bientôt lady Cheverel entra, appuyée sur le bras du capitaine Wybrow et suivie par sir Christopher. Ils s’arrêtèrent pour examiner des touffes de géraniums près de la porte ; pendant ce temps, Caterina se rapprocha, un bouton de rose moussue à la main.

« Voici, dit-elle à sir Christopher, une jolie rose pour mettre à votre boutonnière.

— Ah ! petit singe aux yeux noirs, dit-il en lui caressant la joue, c’est ainsi que vous vous êtes sauvée avec Maynard, pour le tourmenter ou pour le captiver davantage. Voyons, voyons ; il faut que vous nous chantiez Ho perduto, avant que nous commencions notre piquet. Anthony nous quitte demain, vous savez ; il faut l’amener par votre chant à l’état d’amoureux sentimental, pour qu’il puisse bien s’acquitter de cette tâche à Bath. » Il prit le bras de Caterina sous le sien, disant à lady Cheverel : « Venez, Henriette », et s’achemina vers la maison.

La société entra dans un salon qui, avec sa fenêtre en ogive, faisait le pendant de la bibliothèque ; il y avait aussi un plafond chargé de sculptures et blasonné. La fenêtre ne recevant pas d’ombre, et, les murs étant couverts de portraits en pied de chevaliers et de dames vêtues de satin et de brocart, ce